Dans la capitale burkinabè Ouagadougou, des tirs ont été entendus ce vendredi 30 septembre tôt dans la matinée. Selon des sources sécuritaires et des témoins, ces coups de feu ont eu lieu dans le quartier ministériel et dans le camp militaire de Baba Sy.
La tension monte à Ouagadougou. Plusieurs sources locales ont fait état de « tirs à l’arme lourde » dans la nuit de jeudi 29 à vendredi 30 septembre, à l’intérieur du camp militaire Baba Sy, situé dans le sud de la capitale du Burkina Faso, à proximité de Kosyam, le palais présidentiel, occupé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba depuis le coup d’Etat du 23 janvier.
Vendredi matin, l’accès au palais était bloqué par « des militaires lourdement armés ». D’autres axes stratégiques, tels que le rond-point des Nations-Unies menant à la primature et situé au centre-ville, étaient aussi verrouillés. Le signal de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) a quant à lui cessé d’émettre et l’accès à ses locaux a été bloqué par des militaires. L’ambassade de France, l’Union européenne et d’autres pays, tels que la Belgique, ont donné instruction à leur personnel de rester chez eux.
« Une crise interne à l’armée »
S’agit-il d’une tentative de coup d’Etat ou d’une mutinerie ? Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, la présidence du Burkina Faso évoquait, en début d’après-midi, une « situation confuse créée suite à un mouvement d’humeur de certains éléments des Forces armées nationales », précisant que « des pourparlers sont en cours pour ramener le calme et la sérénité ». « C’est une crise interne à l’armée, les échanges se poursuivent pour un dénouement sans écueil », a fait savoir à l’AFP Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement burkinabé.
Des rumeurs sur le mécontentement croissant de certains militaires montaient depuis l’attaque d’un convoi de ravitaillement escorté par l’armée lundi 26 septembre à Gaskindé, dans le Nord, au cours duquel au moins 11 militaires ont été tués et une cinquantaine de civils ont disparu.
Depuis 2015, les groupes djihadistes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) ne cessent d’étendre leur emprise sur le Burkina Faso. Leurs attaques contre des cibles, tant militaires que civiles, ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.
Pour justifier leur coup d’Etat du 23 janvier, les putschistes avaient dénoncé l’absence de résultat en matière de lutte antiterroriste du président Roch Marc Christian Kaboré, qu’ils ont renversé. Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Damiba, avait alors promis de faire de la lutte contre les groupes djihadistes une priorité. Mais les attaques se sont poursuivies à un rythme effréné. « Est-ce encore cette incapacité à combattre les terroristes qui fera chuter le président ? », s’interroge un Burkinabé joint par Le Monde. Pour l’heure, la situation reste confuse.