Face à l’impact dévastateur des multiples tremblements de terre en Türkiye et en Syrie, les agences humanitaires de l’ONU ont insisté mardi sur la nécessité d’intensifier les efforts de recherche et de secours aux victimes et de veiller à ce que l’aide vitale parvienne à tous ceux qui en ont besoin.

Selon le gouvernement de Türkiye, au moins 3.381 personnes sont mortes et plus de 20.000 ont été blessées après qu’un séisme de magnitude 7,8 a frappé lundi matin près de la ville méridionale de Gaziantep, suivi d’un autre tremblement de terre de magnitude 7,5 plusieurs heures plus tard.

Près de 6.000 bâtiments se seraient également effondrés dans le pays, a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Genève.

Les besoins de la Syrie sont également énormes, a poursuivi le porte-parole d’OCHA, tout en relayant les informations des autorités sanitaires du pays qui ont fait état de 769 morts et de 1.448 blessés à la suite des tremblements de terre, à Alep, Lattaquié, Hama, la campagne d’Idlib et Tartous.

L’ONU octroie 25 millions de dollars

Après avoir enduré les premiers tremblements de terre, les communautés traumatisées en Syrie ont ensuite dû faire face à plus de 200 répliques.

« Cela est bien sûr arrivé au pire moment pour de très nombreux enfants vulnérables dans ces régions qui avaient déjà besoin d’une aide humanitaire », a déclaré James Elder, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

« Ils se sont couchés comme d’habitude, ils ont été réveillés par les cris de leurs voisins, par des bris de verre et par le bruit terrifiant du béton qui s’effrite », a-t-il ajouté.

En réponse aux séismes, les Nations Unies ont annoncé mardi une subvention de 25 millions de dollars pour soutenir la réponse humanitaire. L’argent proviendra du Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF).

« Alors que les habitants de la région font face aux conséquences dévastatrices de cette tragédie, nous voulons leur dire qu’ils ne sont pas seuls », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Martin Griffiths. « La communauté humanitaire les soutiendra à chaque étape de la sortie de cette crise ».

A la recherche de survivants suite au tremblement de terre dans le quartier d'Al-Aziziyeh à Alep en Syrie.
© UNHCR/Hameed Maarouf
A la recherche de survivants suite au tremblement de terre dans le quartier d’Al-Aziziyeh à Alep en Syrie.

Déjà déplacés par la violence

Dans une Syrie en crise après 13 ans de guerre, les agences onusiennes sont notamment préoccupées par le sort des personnes touchées par la catastrophe de lundi qui vivent dans des zones tenues par l’opposition dans le nord-ouest du pays, alors qu’elles ont souvent été contraintes de fuir leur domicile à plusieurs reprises en raison de violents combats.

« C’était déjà une situation d’urgence dans le nord-ouest de la Syrie où quatre millions de personnes reçoivent une aide humanitaire. Les communautés là-bas sont aux prises avec une épidémie de choléra, un hiver brutal et bien sûr un conflit », a expliqué M. Elder.

Faisant écho à ces préoccupations, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, a déclaré que la situation est tragique dans les 10 provinces turques touchées par les tremblements de terre.

Dans certaines de ces provinces touchées en Turquie, 50% des personnes sont désormais des réfugiés, tandis qu’en Syrie, le porte-parole du HCR, Matthew Saltmarsh, a décrit l’urgence du tremblement de terre comme un « coup de marteau » pour les populations déplacées qui n’ont pas de travail et dont les économies sont épuisées. « Nous sommes au plus profond de l’hiver, nous avons vu des tempêtes de neige et bien sûr, comme vous le savez, la guerre dure depuis plus d’une décennie », a-t-il déclaré.

Alors que les équipes internationales de recherche et de secours arrivent dans la région, coordonnées par OCHA, le porte-parole Jens Laerke a souligné qu’il y a « une fenêtre d’environ sept jours… où nous trouverons des survivants vivants. Cela peut arriver plus tard, mais il est vraiment essentiel que ces équipes se mobilisent le plus tôt possible ».

Les pénuries de carburant entravent les secours

Outre les dégâts matériels causés aux routes et aux infrastructures publiques qui rendent le travail des équipes de secours plus difficile, la situation économique désastreuse de la Syrie a également ralenti les efforts de secours.

« Les efforts de recherche et de secours sont actuellement entravés par le manque d’équipements pour enlever les débris », a déclaré Tommaso Della Longa, porte-parole de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). « Il y a une grave pénurie de carburant dans toute la Syrie, ce qui a entravé le fonctionnement de la machinerie lourde, le transport du personnel et les services d’ambulance d’urgence ».

En écho à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies à tous les pays pour qu’ils soutiennent tous ceux qui « ont déjà un besoin urgent d’aide humanitaire », M. Laerke a lancé un appel à l’aide. « Il est impératif que tout le monde voie cela… pour ce que c’est : une crise humanitaire où des vies sont en jeu. S’il vous plaît, ne politisez rien de tout cela, acheminons l’aide aux personnes qui en ont désespérément besoin ».

À ce jour, environ 8.000 personnes ont été secourues par des équipes coordonnées par l’Autorité turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD), selon le HCR.

D’autres agences et partenaires des Nations Unies ont également fourni une aide vitale sur le terrain, notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Nous avons en fait été en mesure de déplacer des kits de traumatologie et de chirurgie à travers la frontière depuis Gaziantep où, bien sûr, nous avons prépositionné des fournitures et nous avons pu approvisionner, depuis hier, 16 hôpitaux en Syrie, dans les zones touchées », a déclaré Dr Margaret Harris, porte-parole de l’OMS.

Les Palestiniens touchés

Selon l’agence des Nations Unies qui s’occupe des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, environ 90% de ces familles de réfugiés palestiniens en Syrie ont besoin d’une aide humanitaire en raison des tremblements de terre.

Quelque 438.000 réfugiés palestiniens vivent dans 12 camps de réfugiés en Syrie et le nord de la Syrie abrite 62.000 réfugiés palestiniens à Lattaquié, Neirab, Ein-el Tal et Hama.

Ajoutant sa voix à celles qui expriment leur sympathie pour toutes les personnes touchées par la catastrophe, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a déclaré qu’il était profondément attristé par les pertes tragiques en vies humaines et les destructions massives.

ONU Info